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MAP-Burundi Buhire s'insurge contre le soutien de la France à un régime sous investigation de la CPI

Dernière mise à jour : 27 juil. 2019


Emmanuel Macron, président de la France
Emmanuel Macron, président de la France


Excellence Monsieur le Président,


MAP-Burundi Buhire est un mouvement politique citoyen, créé en avril 2019, ayant pour objectif de participer dans le processus de Refondation de la Nation Burundaise, en vue de redonner de l’espoir au peuple burundais, meurtri par plusieurs décennies de crises politiques.


Dans ce contexte, nous suivons donc de près les événements qui émaillent les relations entre la Mère-Patrie et ses partenaires du monde entier, y compris la France.


Comme Vous le savez, Excellence Monsieur le Président, le Burundi est actuellement sous le regard scrutateur du monde entier, suite à la gestion désastreuse des manifestations populaires qui ont sanctionné la discutable décision du Président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat malgré les dispositions pertinentes de l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi (28 août 2000) et de la Constitution de la République du Burundi, promulguée en mars 2005.


Vous comprendrez notre désarroi d’apprendre que la France vient de décider de reprendre des relations de coopération avec le pouvoir en place au Burundi, alors qu’il fait l’objet d’une enquête de la Cour pénale internationale pour des crimes contre l’humanité, notamment la torture, le viol, les exécutions extra-judiciaires, les traitements inhumains, cruels et dégradants, et la disparition forcée de burundais, violations confirmées par le Rapport de la Commission d`Enquête du Conseil des Nations Unies pour les Droits de l`Homme, publié en septembre 2018. La traque des personnes étiquetées d’opposants au régime a franchi le seuil du tolérable en juin 2019 avec la spoliation de leurs biens au mépris de la Loi. L’affaire est devant les tribunaux.


Notre surprise a atteint son paroxysme lorsque nous avons appris que les secteurs visés par cette reprise de la coopération sont la défense nationale et l’éducation. Si nous saluons tout effort financier qui serait dirigé vers le renflouement des programmes éducatifs aujourd’hui paralysés, il n’en est pas de même pour le moindre investissement qui serait canalisé vers les forces de défense et de sécurité dont plusieurs unités ne déploient leurs muscles que contre d’innocentes populations civiles sans armes. Les forces de défense du régime de Pierre Nkurunziza ont été impliquées dans nombre de crimes sous investigation.


Cette armée que votre pays veut épauler est une nébuleuse infestée de hordes génocidaires d’Interahamwe de triste mémoire et de milices Imbonerakure de mauvaise réputation. Ces deux groupes de parias sont toujours omniprésents et ils exercent une surveillance active et harcèlement continu de la population souvent en coordination avec les autorités locales. « Ils sont directement impliqués dans la majorité des violations documentées par la Commission, y compris les violences sexuelles », ont noté les enquêteurs indépendants de l’ONU dans leur rapport à la Commission des Droits de l’Homme en mars 2019.


Une partie des bataillons de militaires envoyés participer aux missions de maintien de la paix en Afrique sont recrutés par le régime parmi les rangs de ces mal famés, en guise de geste de remerciement pour les brimades infligées à la population. D`autres membres de cette milice sont nommés a des postes de responsabilité de l`Administration, en guise de récompense pour les crimes commis sur la population.


Pour toutes ces raisons, l’Union Européenne a imposé des sanctions au régime qui dirige le Burundi. Ces sanctions viennent d’être reconduites dans le cadre de la récente revue de la mise en œuvre de l’Article 96 de l’Accord de Cotonou entre l'Union européenne et les États d'Afrique, Caraïbes et Pacifique.


Comment la France, membre influent de l’Union Européenne peut-elle faire cavalier seul et filer allègrement le parfait amour avec un régime coupable de graves violations des droits de la personne humaine ? Pourquoi la reprise en ce moment précis, et pour lesdits secteurs uniquement, alors que plus de 450.000 burundais croupissent encore dans les camps de réfugiés dans les pays voisins, que plus de 10.000 croupissent dans les prisons et cachots, que des citoyens innocents continuent à être torturés et massacrés, que l’espace des libertés d’expression et des 3 médias est toujours verrouillé, et que le Burundi sombre plus bas sur la liste des pays les plus pauvres au monde ? Quelle est la rationalité de cette priorisation hors du commun?


Que deviennent les grandes valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, défendues avec honneur par la France et qui ont imprimé une marque indélébile dans le monde? L’explication fournie à l’opinion publique nationale et internationale consistant à nier que la France remballe pour coopérer avec le gouvernement du Burundi mais que son objectif est d’appuyer les populations par le biais des organisations non gouvernementales ne tient pas la route. Cette initiative donne du muscle à un régime qui, autrement, était en perte de vitesse, presque en déroute, et pret à tomber comme un fruit mûr. Surtout avec la diminution des ressources en devises provenant de la participation de ses troupes aux opérations de maintien de la paix, que vous vous apprêteriez à renforcer pour leur confier d’autres missions.


Quel intérêt pour la France d’assouplir sa position face à un régime dont les ténors distillent à longueur de journées des discours de la haine parfois jusqu’au plus haut sommet de l’Etat? Avec tous les risques incalculables que la politique terroriste de certains dirigeants burundais pourrait engendrer, particulièrement en cette période délétère d’avant les élections prévues en 2020. Cette sournoise équipée française pour voler au secours d’un régime aux abois face aux pressions de la communauté internationale sera gravée dans les annales de l’Histoire comme une perfide trahison du consensus sagement bâti au sein de l’Union Européenne et un indécent pied de nez aux efforts des autres institutions internationales pour ramener la paix et la concorde au Burundi.


MAP-Burundi Buhire, qui s`est déjà exprimé sur la situation politique et humanitaire explosive du Burundi, et qui, a cet effet, a formulé les propositions pour rétablir la paix au Burundi au Conseil de Sécurité des Nations Unies, espère que la France va écouter soigneusement la kyrielle des désapprobations qui fusent depuis sa discutable décision, en provenance des milieux politiques et associatifs de la société civile en France comme ailleurs dans le monde, et qu’elle va reconsidérer sa position.


Au bout du compte, est-ce que le sauvetage du régime du Président Pierre Nkurunziza contre vents et marées vaut véritablement la peine au risque d’entacher l’image autrement respectée de la France ? MAP-Burundi-Buhire ne le croit pas et compte sur l’esprit cartésien bien français pour revoir cette décision. Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute considération.



Emery Pacifique IGIRANEZA


Président de MAP-Burundi Buhire

 
 
 

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